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L'AS-TU-LU à MONTGOLFIER ?
25 mars 2011

Place de rien

Troisième arrêt. On entend juste le ronronnement du moteur. Le quai enfumé est désert. Après trois heures d'agitation intense, le compartiment est presque vide. C'est normal, on est à la place de rien. Le métro attend sagement des voyageurs qui n'arriveront pas, je suis l'unique passager d'un train devenu fantôme. Ah si, des pas résonnent dans la station vide et me sortent des eaux noires d'un sommeil éveillé dans lesquelles je plongeais lentement.

Une femme, ou peut-être une apparition, surgit du no man's land. Elle est grande, elle est blonde presque rousse, ses cheveux fraîchement bouclés retombent en anglaises gracieuses sur ses épaules nues. Elle a quelque chose d'une beauté celte.

Très élégante dans sa robe de velours noir, sur le strapontin qui me fait front ma dame du lac s'assoit. Sans m'adresser le moindre regard, elle se tient face à moi et regarde droit devant elle. Ça ne fait rien, j'ai l'habitude d'être transparent.

Et le train continue à soupirer doucement, embrumant la gare humide.

Jour de grande affluence, un troisième passager entre subrepticement dans la voiture. Il s'assoit à côté de moi, les yeux suspendus au visage rond de la Vénus. Ma déesse d'un instant n'est plus mienne, elle avise maintenant le nouveau venu langoureusement.

Et le train refuse toujours de quitter la station.

A présent, mes voisins se fixent avec insistance et j'ai l'étrange impression d'être un voyeur, un intrus. Malaise.

Je sors finalement du wagon.

Et je reste seul à la place de rien. Attendant le prochain, transparent dans la brume.

 

Alice

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